Écouter les plus sages me raconter des histoires de leurs coutumes anciennes est assurément ce que je préfère lors des réunions familiales. Voir les yeux brillants de mes enfants, remplis de fierté lorsque grand-père me confie avoir appris à travailler la terre avec son père ou lorsque grand-mère me raconte que chaque année, à la même saison, toutes les femmes de la famille s’affairaient à préparer les repas festifs, ça, ça n’a pas de prix!
Jadis, les traditions se perpétuaient par le biais des plus jeunes de famille, notamment lorsqu’ils sortaient leurs plus beaux habits et qu’ils enfilaient leurs tabliers, afin de soutenir religieusement les aînés dans un événement ou une tâche symbolique pour la famille. Tout résidait dans la simple action de transmettre une notion aux générations futures afin qu’elles-mêmes les transmettent à leurs prochains, et ce, dans l’optique d’une chaine de transmissions sans fin. Une succession précieuse n’est-ce pas ?
Le mot « tradition » (en latin traditio, « acte de transmettre ») viens du verbe tradere « faire passer à un autre, livrer, remettre».
Cela m’amène à me questionner sur mes propres coutumes, mais aussi sur celles véhiculées par la société québécoise en 2021. Dans notre province, les traditions les plus communes et les plus célébrées auxquelles nous sommes amenés à participer sont : Noël, le temps des sucres, le hockey, la St-Jean Baptiste, les épluchettes de maïs, les showers de bébé, la fée des dents et bien plus encore.
Plusieurs sont associées à des fêtes commerciales ou traditionnelles que l’on célèbre annuellement en société de façon festive sans trop se questionner de la provenance ni du fondement réel de cesdites célébrations.
Quelles sont les intentions derrière ces célébrations? Sont-elles réelles?
Nous avons cette vision formatée d’un schéma acquis avec le temps. Peu de gens connaissent la symbolique réelle qui leur a été transmise au travers des festivités vécues en famille. Certaines personnes perpétuent les traditions de manière automatique et inconsciente, et ce, en suivant le flot des évènements. J’en suis moi-même la preuve vivante!
J’ai envie d’aller plus loin dans ce fondement et de me questionner dans le but de connaitre les origines de ces traditions et d’ouvrir le dialogue avec mes anciens afin de valider si les valeurs véhiculées correspondent à celles de ma famille.
L’ère dans laquelle nous sommes n’a rien à voir avec celle de nos arrières grands-parents. Aujourd’hui, les parents modernes de notre société actuelle sont aux prises avec de grandes responsabilités, peu de temps et beaucoup à gérer simultanément . Plusieurs diront qu’ils n’ont pas une heure à consacrer à apprendre aux plus jeunes de la maisonnée à pétrir une pâte à pain comme le faisaient nos grand-mères. J'en conviens parfaitement ! Toutefois, je crois qu’il serait pertinent de s’interroger :
« Qu’est-ce que moi, en tant que mère, père, grands-parents, homme ou femme vais-je léguer comme savoirs et apprentissages à mes prochains? Vais-je être le fil conducteur d’une ou de plusieurs traditions ou au contraire, les lègues s’arrêteront à ma génération?
Pour ma part, non seulement, j’ai envie de faire revivre des traditions saines et simples du passé, mais j’ai ce désir d’en créer de nouvelles au sein de ma famille. J’ai cette forte envie que ma progéniture acquière des savoirs et des pratiques transmissent par leurs parents et leurs grands-parents pour qu’eux-mêmes, à leur tour, les transmettent à leurs enfants.
Ce qui m’apparait le plus beau dans tout ça, c’est que dans chaque foyer, les traditions sont directement influencées selon les valeurs, les coutumes, les enseignements reçus et la religion qui leur sont propres.
Ce ne sont pas les églises ni les bâtiments et ni les objets autour qui nous unit tous et qui rend l'apprentissage bienveillant, ce sont les gens qui ont habité ces lieux et qui ont eu la foi d'ancrer les savoirs dans leur peuple.
J’ai la grande certitude que le grand lien sacré qui unit ma ligée n’est nulle autre que l'intention et la valeur symbolique derrière l'action et non l'action elle-même.
L’enfant qui reçoit l’enseignement de la tradition est un enfant curieux et débrouillard. Un lien se tisse à l’intérieur de son cœur afin de perpétuer la transmission psychique et transgénérationnelle le liant directement à sa lignée ancestrale.
Peut-importe d’où vous venez, quels bagages vous possédez, les savoirs acquis ou les coutumes acquises, il n’est jamais trop tard pour en créer de nouvelles afin de les transmettre en toute simplicité à vos proches.
Les traditions peuvent être d’ordre social, familial ou individuel. Il ne suffit que de s’arrêter quelques instants, en se questionnant sur les intentions réelles derrière ces traditions. Qu’est-ce que j’ai envie qui perdure dans le temps? Quelles pratiques résonnent au fond de mon cœur ?
Généralement, vos propres coutumes et vos souvenirs d’enfance profondément ancrés refont surface rapidement.
En voici quelques exemples :
Chansons et comptines de votre enfance : doux moments de tendresse qui permettent à l’enfant d’apprendre de nouveaux mots et de nouvelles mélodies qu’il voudra réécouter sans cesse.
Préparer un repas que vous adorer qui vient directement de votre famille : met délicieusement préparé permettant de découvrir de nouvelles saveurs, d’apprendre des aliments différents et de développer son autonomie.
Jardiner en enseignant les variétés et les cycles de vie des fruits et légumes (eau-soleil-terre) : acquisition chez l’enfant de connaissances nouvelles, d’une meilleure dextérité et apprentissage de l’origine des aliments se trouvant dans son assiette.
Enseigner en demandant à des membres de la famille de d’autres générations de raconter des histoires, présenter des photos et révéler des anecdotes : apprentissage chez l’enfant de l’importance de tisser des liens et de créer un lien d’attachement avec les membres de sa famille.
Communiquer les croyances et les valeurs de la famille : renforcement du sentiment d’appartenance, à comprendre les choix de vie véhiculés par la famille tout en enrichissant les liens qui les unissent.
À mon avis, tout réside dans la manière de transmettre et de communiquer son savoir. Plus le geste est transmis de façon sentie et attrayante, plus la transmission sera saine, bienveillante et remplie d’amour. Nécessairement, vos prochains voudront répéter la coutume apprise, et ce, pour les générations futures.
La tradition est une mémoire et un projet : le souvenir de ce qui a été avec le désir de le transmettre et de l’enrichir.
Regarder dans les yeux de ceux à qui vous transmettez, vous verrez que le savoir ira loin.
Je vous souhaite un bel enseignement à vos prochains!
Piste de réflexion
Comment s’y prendre pour savoir si une ou des traditions nous rejoignent encore ?
Comment transcender ou déconstruire une tradition qui reflète plus nos valeurs ?
Se questionner de son origine et de sa signification.
Quel style d’attachement nous relie avec cette tradition (4 types : assuré ou sécure, anxieux/ambivalent, détaché/évitant ou désorganisé ou désorienté)?
Quelles sont les choses positives et négatives que ces traditions m'apportent. Qu’est-ce que je ressens à l’intérieur de moi lorsque j’y prends part?
Quels sont les sentiments vécus par les membres de ma famille lorsqu’une des traditions est vécue?
Quelles sont les réelles intentions derrière l’envie de faire perdurer une ou des traditions?
Ai-je besoin de délaisser certaines traditions? M’est-il possible de modifier certains aspects de celles-ci afin de mieux me les approprier et de les adapter à ma réalité familiale?
Rédaction de l'article fait par Laurie-Ève Lussier
Correction chapeautée par la douce Audrey-Anne Carpentier
Les garçons Boulet lors d'un matin de printemps ramassant les oeufs frais de poules pour le déjeuner.
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